MAGMA & Golem

MAGMA & Golem (version originale francaise : presentee ici sans "accents" pour eviter "signes etranges")

Patrick : C'etait les trente ans de Magma, cela a donc commence dans les annees 70 ?

Philippe : Quand je les ai cotoye, cela fait un peu plus de 25 ans, maintenant, c'etait plutot au debut, pas a leur tout debut en 69, 70, je ne les ai pas connu immediatement, je les ai d'abord decouvert par les disques dans les annees 72, 73, par l'intermediaire d'un ami Jean-Claude Vandeville. Nous montions des spectacles de theatre, tres influence par la scene theatrale de l'epoque, comme le Living Theater... On utilisaient des musiques de "Magma", du premier LP notamment, dans nos spectacles. J'avais 16 ans, on utilisait la structure associative municipale de la MJC (Maison de la jeunesse et de la culture) de la Celle-Saint-Cloud (ville, bourgeoise, de la banlieue ouest de Paris). La jeunesse de l'epoque etait plutot de gauche, le maire, bien qu'etant de droite, a toujours soutenu, paradoxalement, les activites de cette MJC. Cela a son importance, au debut nous faisions du theatre amateur, et au fur et a mesure des annees nous cloturions l'annee scolaire avec un spectacle plus important, puis nous avons commence a faire jouer des groupes musicaux amateurs de cette banlieue et d'annees en annees, cet evenement s'est transforme en festival sur la duree d'un week-end, vers la fin juin. La MJC etait dans une villa avec un grand parc ou se deroulait la manifestation, en 1974 nous avons fait jouer "Ange" (groupe de rock francais) le premier soir et le suivant, "Hatfield and the North", groupe mythique avec entre autre Pip Pyle et Dave Stewart. A cette epoque on a sympathise avec cette individu qui s'appelle Assad, et qui etait le representant francais de Richard Branson, le boss de Virgin naissant, "Tubular Bells" venait de sortir, et Branson n'etait qu'en route vers la fortune. Virgin France tenue par Assad s'etait etablie dans une ex-boulangerie et c'est par son intermediaire que nous avons pris contact avec le rock business de l'epoque. Nous aimions "Magma", allions a leurs concerts et nous avions tres envie de les faire jouer. En 74, donc, on avait utilise leur musique, et en 75 apres le concert de "Gong" le premier soir, Il y eu donc notre premier concert de Magma. Et c'est a partir de la que nous avons commence a collaborer avec eux  et cela a dure environ jusqu'a 1977. Cette soiree de juin 75, il faisait tres beau, il avait joue assez tard et nous avions d'ailleurs eu des problemes avec la police, un tres beau concert, Vander avait cree pour la maladie de sa fille, actuellement choriste au sein du groupe, ce morceau, qui je crois, s'appelle "Vivant" et dont je ne me rappelle plus le nom en kobaien (note : Hhai), une sorte de ballade tres douce avec un long solo de batterie, chante par Vander lui-meme.

Patrick : Il a joue ce morceau en rappel, pour le concert anniversaire au Trianon a Paris ?

Philippe : Tout a fait, On l'avait entendu la pour la premiere fois. Magma etait entoure de gens atypiques, comme par exemple leur roadie Loulou Sarkissian, dont on croise le nom sur les premieres pochettes de leur vinyle, un personnage haut en couleur, le type meme du mauvais garcon, un fanatique absolu de Magma et de leur musique, a la fois dangereux et le coeur sur la main des qu'il vous accordait son estime. Un melange etrange, d'un cote Blasquiz, assez cool et de l'autre Vander, finalement, plutot difficile d'acces, plutot dans son monde, pas vraiment le prototype du baba cool contrairement aux membres de "Gong" qui passaient leur journee defonce a tirer sur des joints. Il y avait deja ce bruit qui courrait, concernant le groupe, certains trouvait l'ambiance fascisante, il y avait, d'ailleurs parmi le public, de droles de types habilles tout en noir qui avaient cree cette aura sectaire qui planait autour de Magma, bien sur, perdus au milieu de cette jeunesse chevelue. En parlant, a l'epoque, avec Blasquiz, nous l'avions trouve, a la fois, amuse et ennuye par cette reputation qui ne correspondait pas du tout a ses idees, cela soulevait des polemiques extra musicales. Il y avait dans le groupe, outre Vander et Blasquiz, Stella aux chants, le plus souvent Jannick Top a la basse et parfois Paganotti. Au clavier, cela tournait beaucoup, Il y avait, la plupart du temps, Michel Grailler et puis sont arrives des gens comme Benoit Widemann... En meme temps, c'etait comme la fin d'une premiere epoque, il y avait encore des cuivres, entre autre Richard Raux, peut-etre pas a ce concert la d'ailleurs, Il devait meme y avoir Faton Cahen qui etait entrain de monter "Zao".
Il y avait deux personnes par lesquelles nous passions pour les problemes d'organisation, l'un s'apelle Georges Laiton, un petit bonhomme un peu fuyant, pas vraiment antipathique, un drole de mec, au dessus, il y avait Gorgio Gomelski, a la fois producteur et decouvreur de talents, une figure emblematique du Rock'n'Roll, lui on l'a peut croiser, je me souvient d'un rendez-vous dans un immense appartement avec baie vitree donnant sur la Seine dans la banlieue ouest, la rencontre avec un nabab en quelque sorte, j'avais 17 ans, Jean-Claude lui en avait 25 et face a nous Gomelski devait approcher les 50 ans, un bel homme qui en imposait, il avait tout de meme produit les Rolling Stones. En meme temps tu avais le sentiment d'avoir a faire a un parrain, un drole de personnage, l'epoque n'etait pas au marketing des majors, ces gens la avaient une passion, probablement une oreille, ils aimaient la musique, il fallait, finalement, un certain courage pour decouvrir et travailler avec Magma, un obscur groupe de rock francais, a l'epoque, nous le considerions comme un suppot du grand capital, mais avec le recul je pense qu'il y avait une part de passion a faire son metier de producteur. Les rapports avec eux ont d'ailleurs ete tres corrects et tant du cote production que du cote des musiciens qui exigeaient le respect de leur musique et de leurs conditions de travail, mais qui en retour etaient tres professionnels. Gomelski fut remplace par un type, dont je ne me souvient plus du nom, qui habitait rue Beautreillis dans la Marais, un appartement avec un ascenseur arrivant directement chez lui (il etait dans un fauteuil roulant), c'etait plutot un homme de loi qu'un producteur. Lors d'un rendez-vous, nous avons rencontre pour la premiere fois la nouvelle generation de musiciens de Magma dont Didier Lockwood qui, a l'epoque, sortait a peine de l'adolescence, c'etait tellement etrange de se retrouver la avec Vander, Blasquiz... tous habille de noir avec la griffe comme boucle de ceinturon.

Patrick : J'ai souvenir d'un concert de cette epoque ou Lockwood, tres doue par ailleurs, jetait des regards a Vander comme s'il avait a faire a Dieu le pere !

Philippe : Ce garcon, qui aujourd'hui frequente les sommites du jazz mainstream et tourne dans monde entier, n'etait a l'epoque personne, et Vander a eu le talent de le trouver. Apres ce festival 75, qui a tres bien marche, a germe l'idee, a partir du noyau actif issu de la MJC de la Celle-Saint-Cloud et de personnes exterieures rencontrees sur le parcours, de creer une structure "Golem" pour organiser des spectacles, mais aussi pour permettre le developpement de toutes activites artistiques de ces
membres, et c'est la que tu nous a rejoins. Outre le theatre, nous faisions aussi du cinema dans cette MJC, nous avions commence en super 8, puis la mairie a acquis pour nous une camera 16mm. En reprenant mes vieux agendas pour cette entrevue, je realise que nous avons tourne enormement de films, dont beaucoup que j'avais oublie, c'est ca qui nous a motive Olivier Rechou et moi a tente le concours d'entre de l'Ecole National Louis Lumiere de Cinematographie, ou nous nous sommes rencontre. Golem a donc ete cree en octobre 1975, nous voulions commencer notre activite avec un evenement autour de Magma.
Le 16 janvier 1976, nous avons organise deux concert de Magma au Palais de Chaillot, l'un en matinee et l'autre en soiree dans la salle de concert qui contenait de 7 a 800 personnes et pour annoncer cette manifestation, nous avons reussit a les faire jouer, en formation reduite, le 12 decembre 75, au "Pop Club" de Jose Arthur, une emission radiophonique de France Inter enregistree a la maison de la radio a Paris, il y avait Yves Montand, probablement venu presenter un des ses films. Quelques jours avant le concert, le 7 janvier 76, ils sont aussi passes pour un mini concert de promotion a la FNAC Montparnasse (la FNAC est une chaine de grande surface de ventes de produits culturels). Le concert de Chaillot a tres bien marche, la salle etait pleine aux deux seances et les deux prestations magnifiques. Juste avant, il avait enregistre le double Live, enregistre a la Taverne de l'Olympia, ou j'etais present, et c'est la premiere fois que l'on a put voir la formation avec Lockwood, Widemann, je pense que c'etait Paganotti, peut-etre Top (note : c'etait Paga), les rapports Top, Vander etait tres compliques, un peu tendus, Blasquiz servait en faite de porte parole, Vander n'etant generalement pas tres causant, c'est un musicien avec un univers particulier, mais pas vraiment un communiquant. Klaus, lui avait une facon de parler. Il etait tres important, lors du concert anniversaire je regardais le jeune homme qui tient sa partie au sein de la formation actuelle (note : Antoine Paganotti), il a repris toute la gestuelle de Blasquiz, Klaus avait un mouvement d'epaule qui marquait le tempo et ce garcon reprenait le meme mouvement. On ne peut savoir si c'est a l'initiative de Vander, ou s'il a vu Blasquiz le faire, mais c'etait tres frappant, bien que physiquement et au niveau de la tessiture de la voix, il ne donne pas dans le meme registre, Blasquiz a un champs plus etendue. Pour revenir a Top, face a Vander maitre d'oeuvre, Top etait un peu l'alter ego, Il y avait certes des affrontements, mais Vander le laissait creer des morceaux, il prenait des chorus monstrueux (je me souvient de ses chorus au theatre de la Renaissance), non seulement c'est un grand instrumentiste, mais un individu avec un univers musicale original, il faut aller voir du cote des grands bassistes pour trouver un equivalence, ce qui rend d'autant plus desolante la suite de sa carriere dans la variete francaise. A l'epoque, on ne pouvait jamais etre vraiment sur que ce soit Top a la basse, c'est donc Paganotti qui le remplace, evidemment dans le cadre d'un style de basse propre a Magma, au tout debut il avait Francis Moze, d'ailleurs, qui a tres vite disparu ce qui dommage car c'est un bassiste tres interessant.

Patrick : Pour revenir a Blasquiz, il me semble que pour ce qui est de l'ideologie, de la cosmogonie, si l'on peut dire, il en etait un des createurs ?

Philippe : Tout a fait, au niveau visuel, on peut dire qu'il a tout concu, pas la griffe, bien sur, mais a partir de la, etant dessinateur d'origine, il a une approche esthetique qui d'etend du look sur scene au design des pochettes. Il a mit au point une gestuelle, accentuant le cote machine, encore maintenant quand je met un disque de Magma sur ma platine, je revois ces images, cette gestuelle, cette scenographie qui lui est du, il avait aussi un grande influence sur les textes. Il y avait donc une sorte de triumvirat, en sachant que si l'on veut faire une comparaison a la trilogie catholique, puisque tu evoque l'idee de cosmogonie, dieu restait Vander.
Trois jours apres les concerts de Chaillot, le 19 janvier 76, Magma et Golem se sont reunis autour de l'idee d'un film sur le groupe, une serie de reunion ont suivit, le 3 fevrier, Vander, Blasquiz, Alain Thuillier et moi nous nous sommes retrouve pour parler plus specifiquement de techniques et d'esthetiques cinematographiques. Il n'y avait eu jusqu'alors que peut de films musicaux, Woodstock, bien sur, ou, Pink Floyd's The Wall, Scorsese n'avait pas encore tourne The Band, Nous avions eu l'idee, plutot banal maintenant, de montrer le groupe au travail, de l'elaboration des morceaux
a la scene, en les suivant en tournee, par exemple. Sans tomber dans la fiction, l'idee etait de retrouver au niveau de la structure et de l'esthetique du film, la couleur et l'etat d'esprit de Magma. Nous n'avions pas perdu d'argent sur les concerts de Chaillot, mais nous n'en avons pas gagne beaucoup non plus, Chaillot etait plus une operation de prestige, la salle etant tres chere. Nous n'avions donc pas de liquidite, pour amorcer la production de ce film. Aujourd'hui, avec les cameras DV, dont la qualite est quasi professionnel et le cout relativement economique, filmer un concert parait relativement simple, mais a l'epoque cela exigeait la location de materiel professionnel 16mm et cela pose des problemes pour synchroniser les cameras, pour gerer l'alternance des cameras efficaces (un magasin de films en 16mm ne dure qu'onze minutes) afin de ne rien perdre des morceaux. Face au probleme pose par le financement, est venue l'idee, assez dans l'air du temps, de lancer une souscription aupres du public de fans (une idee deja utilise par Jean Renoir pour son film "la Marseillaise", en 1936) afin qu'ils achetent leurs places de cinema par avance, ce qui nous aurait permis de degager une amorce de finance pour la production. Il n'y avait en France que trois chaines de television d'etat auxquelles il etait absolument impossible de vendre un film sur Magma, pas d'appui de ce cote la, nous ne pouvions envisager que l'exploitation en salle, les grands circuits de distribution n'etant, par avance, pas interesse, il ne reste que les circuits de distribution plus marginaux, qui bien que favorable a la diffusion d'un tel film, n'etait pas pret a mettre le moindre centimes au depart. Une fois l'idee de souscription lance, il a fallut le faire savoir, ce que nous avons fait lors des concerts. Par ailleurs, Rock'n'Folk, le journal de rock le plus en vue a l'epoque, a l'aide d'article et d'annonce, a lance la souscription, Herve Muller, l'un de leur principaux critiques, nous a beaucoup aide. On a eu des reponses, les fans ont tres vite envoye de l'argent, chacun au niveau de ses moyens, un billet pre achete s'eleverait, aujourd'hui, au prix de cent francs, mais la source s'est rapidement tari et l'argent accumule n'a jamais permit d'engager le projet (pour la petite histoire, chaque souscripteur a ete, scrupuleusement rembourse) et Magma etait repartit sur d'autres routes, pour d'autres concerts. Le projet a fait long feu et c'est dommage, le film aurait au minimum eu une valeur de temoignage, mais cela demandait une infrastructure technique et humaine beaucoup trop lourde, en comparaison des moyens necessaires actuellement, le tournage autour du concert anniversaire le prouve.
Parallelement, Golem continuait d'organiser des concerts, Klaus Schulze, en avril 76, a la salle Pleyel, le 8 juillet 1976, nous sommes fier d'avoir fait venir Sun Ra and his Arkestra pour un concert a la mutualite (haut lieu de reunion politique de l'epoque pour la gauche francaise). Olivier, qui avait vecu enfant aux Etats Unis et etait donc bilingue, fut envoye a New York, pour les ramener, pour l'anecdote, le bassiste de l'Arkestra, une armoire a glace, n'a jamais voulu laisser partir sa contrebasse en soute et ne l'a pas quitte du voyage. A peine sortis de l'avion nous avons traine ces pauvres garcons probablement epuise, au meme "Pop Club" cite precedemment.

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A la rentre scolaire 1976, nous avons eu l'opportunite d'avoir pour trois semaines, le theatre de la Renaissance, un vieux theatre du 19eme siecle a l'italien de 800 places, avec orchestre, balcons et fauteuils rouges a l'ancienne. Golem s'est engage, malgre le delai tres court entre la decision et la disponibilite, a constituer une programmation pour cette periode d'une vingtaine de jours, ce fut un echec financier en raison meme de la brievete du temps imparti a la promotion. Mais cela nous a permis de faire jouer Magma dans ce theatre pendant dix jours a partir du samedi 23 octobre 76, precede la veille d'une apres-midi de repetition. Ce furent dix jours assez fabuleux, meme si nous les avions vu tres souvent auparavant en concerts et festivals, la rencontre de cette musique et de son public avec cette salle bonbonniere etait assez anachronique. Ils ont joue Mekanik Destruktiw Kommandoh et Kohntarkosz, ces grosses machines musicales, il y avait cet immense solo de basse electrique de Top en fin de premiere partie, si mes souvenirs sont bons, basses qu'il accordait comme un violoncelle, solo qui sortait soudainement de l'univers magmaien pour rentrer dans un monde bruitiste. Il y a eu cette memorable matinee du dimanche 24 octobre, ou nous n'avons eu que 70 personnes dans la salle, chiffre que nous avons reussit a pousser jusqu'a 780 pour les meilleurs soirees, pour une moyen de 400 personnes par soir, ce qui jusque la n'etait pas si mal. Mais il nous restait dix jours de programmation a assurer, et c'est la que les problemes ont commence. Avec l'aide de Georges Letton et d'Herve Muller, dans les petits bureaux du theatre, nous sommes partis desesperement a la recherche d'artistes ce qui a entraine une programmation totalement baroque. Dans l'urgence et sans politique de programmation coherente, nous sommes passe de la chanson a texte a la chanson folklorique, Tri Yann, groupe breton qui existe toujours, par exemple. On a eu Art Zoyd et pour les deux derniers soirs, cerises sur le gateau, Henry Cow, pour lesquels nous n'avons eu que 280 personnes par soir, ce qui retrospectivement parait peu, vue la dimension mythique qu'a pris ce groupe.

Patrick : Je me souvient tres bien qu'a l'epoque chaque musicien avait, sur scene, son fauteuil club et son lampadaire. Et ils ont refait la meme installation, un peu plus tard au theatre des Champs Elysee, en compagnie de Robert Wyatt. Cela donnait un cadre, une atmosphere intimiste a la musique de ce groupe qui partait dans toutes les directions !

Philippe : tout cela nous laisse, bien sur, de bon souvenir, Magma, Art Zoyd et Henry Cow, ce n'est pas rien, mais financierement se fut catastrophique, certain soir nous n'avons trouve personne a produire et les frais de structure, eux continuaient a courir, et ce fut notre chant du cygne. Golem s'est alors retire sur ces basses, a la Celle Saint Cloud, Il y eu un concert du groupe Zao, un de la chanteuse Nico en mai 77 que l'on attend toujours, la dame ne s'est jamais presente au concert et nous avons du rembourser 300 personnes, ce qui fut catastrophique pour nous et provoqua la fin de Golem. Parallelement se profile les debuts du mouvement Punk, des desillusions politiques et l'entree de ses groupes et de ses labels
precedemment novateurs, comme Genesis ou Virgin, pour ne prendre qu'un exemple dans chaque domaine, dans le monde de l'argent, une annee charniere en quelque sorte ! De cette epoque, j'ai retrouve une note sur un concert de Magma a Saint Quentin en Yvelines, le 19 fevrier 1977, en grande banlieue : < Magma a Saint Quentin ? nouvelle formation ? bizarre, bizarre ? decevant >

Patrick : Il me semble que le Magma de cette epoque avait, a nos oreilles, une couleur plus jazz rock.

Philippe : Oui, c'est peut-etre ca, apres on a plus suivi Vander dans ses incursions jazz avec Offering. En 1983, j'avais alors monte une maison de production cinematographique avec des collegues, nous avions produit le premier court metrage de fiction "Fric" d'Alain Thuillier, nous avons demande a Vander de nous faire la musique, il a joue avec Albi Cullaz a la basse, Michel Grailler au piano et un saxophoniste dont je ne me souvient plus le nom, une variation sur le theme "Equinox" de John Coltrane, une musique assez belle, Alain doit encore avoir les bandes ou du moins une copie optique de la musique. On avait enregistre dans un petit studio de la banlieue parisienne, je me souviens de Vander arrivant dans sa ferrari rouge, comme il se doit, ralant sur les risques qu'encourait sa voiture dans ces banlieues malfamees, cette ferrari que l'on voit sur la pochette du disque "Fusion". On ne peut pas dire qu'il frimait, c'est un ferrariste pur et dure, pret a manger des pommes de terre a longueur de mois pour pouvoir se l'offrir. Pour revenir a la musique, je me souvient de conversation passionnee sur la musique de Coltrane, sur certes l'aspect mystique, mais aussi sur le sincere investissement du musicien, ne pas l'avoir vue jouer en concert reste un des grands regrets de sa vie, Coltrane et Bartok reste deux influences majeurs que l'on sent dans sa musique. Pour rester dans le cinema, avec mes amis Jean Claude et Olivier, nous avions ecrit, scenarise et decoupe un long metrage, il y avait un role pour Christian, un role de valet de ferme, le role principale aurait du etre jouer par Patrick Dewaere (acteur francais tres prometteur, ami de Depardieu et de sa stature, rapidement decede d'une overdose). Christian etait non seulement d'accord pour jouer, mais aussi pour faire la musique. Il avait deja fait la musique du film Tristan et Iseult, le deuxieme mouvement de Theusz Hamtaahk, une tres belle musique pour un film assez consternant, une sorte de pre-clip. J'aurai aime entendre ce qu'il aurait pu faire pour un film plus social, moins esthetisant et voir cet affrontement de personnalite, de gueule qu'aurait put etre le face a face Dewaere/Vander. Et une fois de plus nous avons peche par la finance.

Entretien avec Philippe Bonnier, realise par Patrick Boeuf , le 21 juillet 2000

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